Le trouble comportemental en sommeil paradoxal (SP) cause la manifestation de comportements oniriques, comme la vocalisation et des mouvements moteurs, pouvant être violents
On devrait évaluer la patientèle pour un trouble comportemental en sommeil paradoxal lorsqu’elle rapporte des antécédents de lésions qu’elle s’est infligée à elle-même (p. ex., en tombant du lit) ou à la personne qui dort avec elle1. En présence d’un soupçon clinique en lien avec ces antécédents, ou par l’emploi d’échelles validées (p. ex., questionnaire de dépistage du trouble comportemental en sommeil paradoxal)1, on confirme le diagnostic à l’aide d’une polysomnographie révélant un sommeil paradoxal dépourvu d’atonie (sensibilité de 83 %–100 %; spécificité de 88 %–100 %)2.
Des facteurs individuels et environnementaux sont associés au trouble comportemental en sommeil paradoxal
La prévalence de ce trouble chez les adultes de 40–80 ans est d’environ 1 % et présente un éventail de gravité. Parmi les facteurs de risque, on compte le fait d’être d’un âge avancé, d’être un homme, de pratiquer le tabagisme, d’avoir subi un traumatisme crânien et d’avoir été soumis à certaines expositions environnementales (p. ex., exposition à des pesticides)3. La consommation d’antidépresseurs peut causer l’émergence des symptômes4.
On doit différencier ce trouble d’autres troubles qui en imitent les symptômes
Des caractéristiques particulières distinguent le trouble comportemental en sommeil paradoxal de l’apnée obstructive du sommeil et d’autres parasomnies non liées au sommeil paradoxal (p. ex., somnambulisme, terreurs nocturnes) (annexe 1, accessible en anglais au www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.221820/tab-related-content). Le trouble comportemental en sommeil paradoxal se manifeste plus fréquemment en deuxième moitié de nuit; les personnes se réorientent rapidement à leur réveil. Le traitement du trouble comportemental en sommeil paradoxal diffère des parasomnies non liées au SP et de l’apnée obstructive du sommeil.
La prise en charge comprend des interventions pharmacologiques et environnementales
On préfère la mélatonine à libération immédiate (3–15 mg) au clonazépam (0,125–2 mg) en raison de ses effets indésirables moindres même si elle atténue les symptômes de façon moins efficace (32,9 % c. 66,7 %, respectivement)4. La mélatonine cause une légère sédation, des nausées et des rêves perturbants alors que le clonazépam accroît le risque de chutes, de toxicomanie, d’inhabilité à conduire un véhicule ou de déficience cognitive5. Les personnes qui souffrent de ce trouble devraient mettre en place un environnement de sommeil sécuritaire en retirant les objets potentiellement dangereux des espaces où elles dorment et en disposant un matelas mou sur le sol à côté de leur lit; ces personnes devraient envisager de dormir seules. Une bonne hygiène de sommeil et le traitement de troubles du sommeil concomitants sont aussi importants.
On devrait surveiller cette patientèle pour le risque de maladie de Parkinson et de démence à corps de Lewy
Plus de 70 % des personnes atteintes d’un trouble comportemental en sommeil paradoxal développent en moins de 12 ans des α-synucléinopathies3. Les médecins devraient surveiller la manifestation d’une démarche hésitante, d’une hyposmie et des symptômes neuropsychiatriques suggérant une maladie de Parkinson précoce. Les médecins devraient aussi orienter en neurologie la patientèle présentant ces symptômes.
Footnotes
Intérêts concurrents : Michael Mak déclare un fonds illimité pour la formation, offert par les Labratoires Paladin, des honoraires à titre de consultant et de conférencier de la part de la société Eisai ainsi que des honoraires à titre de conférencier offerts par la société Sunovion. Il siège aux comités de la formation de l’Académie américaine de la médecine du sommeil et l’Association des psychiatres du Canada. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
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