Il faut soupçonner une fracture du plancher de l’orbite en cas de traumatisme contondant
Lors d’un traumatisme contondant — impact d’une balle ou d’un poing, chute ou accident de la route — le plancher de l’orbite peut se fracturer sans qu’il y ait atteinte du rebord orbitaire ou d’autres os de la face. Cette fracture peut être due à une hausse marquée de la pression intra-orbitaire à la suite d’un déplacement postérieur soudain du globe oculaire (hypothèse hydraulique) ou à la transmission antéropostérieure directe de l’énergie de l’impact du rebord orbitaire vers le plancher de l’orbite (phénomène de déformation mécanique).1
Les patients signalent des changements de l’acuité visuelle et de la douleur associée aux mouvements oculaires
Les patients signalent habituellement des changements importants de l’acuité visuelle (p. ex., vision trouble monoculaire ou diplopie binoculaire), et de la douleur associée aux mouvements oculaires2. On devrait donc procéder à l’examen macroscopique de l’intégrité du globe oculaire, de l’acuité visuelle (application électronique ou échelle sur format papier) et des mouvements oculaires dans toutes les directions du regard.
La tomodensitométrie (TDM) sans agent de contraste est le test diagnostique de référence
La radiographie orbitaire (incidence de Caldwell ou de Waters) a une efficacité diagnostique correspondant à 68 %–78 % de celle de la TDM pour ce type de fracture et constitue un test utile pour la détection de corps étrangers intra-orbitaires3. La TDM sans agent de contraste est toutefois le test diagnostique de référence, car elle permet d’évaluer la position des muscles extraoculaires et de détecter les hémorragies rétrobulbaires et les hernies graisseuses orbitaires, ce qui influencera la prise en charge3.
Les fractures ne nécessitent pas toutes une consultation d’urgence en ophtalmologie
Les patients devraient être orientés d’urgence en ophtalmologie si on soupçonne une rupture du globe oculaire, si un œdème périoculaire est accompagné de diplopie binoculaire lorsque le clinicien soulève manuellement la paupière supérieure (particulièrement lorsque le patient regarde vers le haut), si l’acuité visuelle est inférieure ou égale à 20/40, ou si la TDM laisse soupçonner l’incarcération d’un muscle4. Autrement, un rendez-vous en consultation d’ophtalmologie dans les 2 semaines suivantes est approprié5. Les voyages terrestres sont sécuritaires pour les patients ayant une fracture isolée du plancher de l’orbite.
La plupart des fractures guérissent spontanément sans complications
Les patients devraient éviter de se moucher avec force pendant 4–6 semaines pour éviter le pneumorbite2. Un traitement oral de 7 jours à la prednisone (1 mg/kg pour 7 jours, puis sevrage sur 4 jours), accompagné d’une antibiothérapie ciblant les bactéries à Gram positif (p. ex. céphalexine ou clindamycine), peut être envisagé en cas d’œdème orbitaire empêchant l’ouverture de l’œil6.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200657
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
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