Résumé
Predictors of inappropriate antibiotic prescribing among primary care physicians
Genevieve Cadieux MSc, Robyn Tamblyn PhD, Dale Dauphinee MD, Michael Libman MD
Department of Epidemiology and Biostatistics (Cadieux, Tamblyn) Department of Medicine (Tamblyn, Dauphinee), McGill University, Division of Infectious Diseases and Department of Medical Microbiology (Libman), Montréal General Hospital, Montréal, Que.
Correspondance : Genevieve Cadieux, Department of Epidemiology and Biostatistics, McGill University, 1140 Pine Ave. W, Montréal QC H3A 1A3; genevieve.cadieux{at}mail.mcgill.ca
Contexte : L’utilisation inappropriée des antibiotiques favorise la résistance aux antibiotiques. Les caractéristiques des médecins liées à la prescription inappropriée d’antibiotiques sont peu connues. Notre objectif était de déterminer si les connaissances du médecin, ses années de pratique, son lieu de formation et le volume de sa clientèle expliquent les différences entre les médecins au niveau de la prescription d’antibiotiques.
Méthodes : Nous avons suivi, durant leurs 6 à 9 premières années de pratique (1990–1998), une cohorte historique de 852 médecins de première ligne ayant obtenu leur permis entre 1990 et 1993 et pratiquant au Québec. Au cours de la période à l’étude (1990–1998), nous avons évalué si des prescriptions inappropriées d’antibiotiques pour des infections virales (prescription d’antibiotiques) et bactériennes (prescription d’antibiotiques de deuxième ou de troisième intention administrés par voie orale) avaient eu lieu. Nous avons utilisé une régression logistique pour calculer les contributions indépendantes du nombre d’années de pratique, du volume de clientèle, du lieu de la formation médicale et des résultats aux examens menant au permis d’exercice. Nous avons tenu compte du sexe du médecin et de l’emplacement des consultations, ainsi que de l’âge, du sexe, de l’éducation, du revenu et de la région géographique de résidence du patient.
Résultats : Dans notre étude, 104 230 patients chez lesquels on a diagnostiqué une infection virale et 65 304 chez lesquels on a diagnostiqué une infection bactérienne ont été inclus. Les diplômés de facultés de médecine étrangères étaient plus susceptibles que ceux de l’Université de Montréal de prescrire des antibiotiques pour des infections respiratoires virales (risque relatif RR 1,78, intervalle de confiance à 95 % IC 1,30–2,44). La prescription inappropriée d’antibiotiques augmentait avec le nombre d’années de pratique. Les médecins qui avaient une clientèle volumineuse étaient plus susceptibles que ceux dont la clientèle était peu volumineuse de prescrire des antibiotiques pour des infections respiratoires virales (RR 1,27, IC à 95 % CI, 1,09–1,48) et de prescrire des antibiotiques de deuxième et de troisième intention comme traitement de première intention (RR 1,20, IC à 95 %, 1,06–1,37). Les résultats obtenus aux examens menant au permis d’exercice ne prédisaient pas la prescription inappropriée d’antibiotiques.
Interprétation : Les diplômés de facultés de médecine étrangères, les médecins qui ont une clientèle très volumineuse et ceux qui pratiquent depuis plus longtemps sont plus susceptibles de prescrire des antibiotiques de façon inappropriée. Pour développer des interventions efficaces, il faudra connaître davantage les mécanismes qui sous-tendent ces prédicteurs de la prescription inappropriée d’antibiotiques.