Résumé
Clandestine induced abortion: prevalence, incidence and risk factors among women in a Latin American country
Antonio Bernabé-Ortiz MD, Peter J. White PhD, Cesar P. Carcamo MD PhD, James P. Hughes PhD, Marco A. Gonzales, Patricia J. Garcia MD MPH, Geoff P. Garnett PhD, King K. Holmes MD PhD
Contexte : Les interruptions volontaires de grossesse (IVG) clandestines constituent un problème de santé publique dans de nombreux pays en développement où l’accès à des services d’IVG est limité par la loi. Nous avons estimé la prévalence et l’incidence des avortements clandestins, de même que leurs facteurs de risque, dans un pays d’Amérique latine.
Méthodes : Nous avons réalisé une vaste enquête de population auprès de femmes âgées de 18 à 29 ans dans 20 villes du Pérou. Nous avons interrogé ces femmes au sujet de leurs antécédents de fausses couches et d’IVG en utilisant des techniques favorisant la divulgation.
Résultats : Parmi les 8242 femmes admissibles, 7992 (97,0 %) ont accepté de participer. La prévalence des IVG déclarés était de 11,6 % (intervalle de confiance IC à 95 %, 10,9 %–12, 4 %) parmi les 7962 femmes qui ont participé à l’enquête. Elle était de 13,6 % (IC à 95 %, 12,8 %–14,5 %) chez les 6559 femmes ayant déclaré avoir été sexuellement actives L’incidence annuelle des IVG était de 3,1 % (IC à 95 %, 2,9 %–3,3 %) parmi les femmes ayant été sexuellement actives. Une analyse multivariée a montré que les facteurs de risque de l’IVG étaient : un âge plus élevé au moment de l’enquête (rapport des cotes RC 1,11; IC à 95 %, 1,07–1,15), un âge moindre au moment du premier rapport sexuel (RC 0,87; IC à 95 %, 0,84–0,91), la localisation géographique (hautes terres : RC 1,56; IC à 95 %, 1,23–1,97; jungle : RC 1,81; IC à 95 %, 1,41–2,31 par rapport à la région côtière), avoir des enfants (RC, 0,82; IC à 95 %, 0,68–0,98), avoir eu plus d’un partenaire sexuel au cours de la vie (deux partenaires : RC 1,61; IC à 95 %, 1,23–2,09; trois partenaires : RC 2,79; IC à 95 %, 2,12–3,67) et avoir eu un partenaire sexuel ou plus au cours de l’année précédant l’enquête (un partenaire : RC 1,36; IC à 95 %, 1,01–1,72; deux partenaires : RC 1,54; IC à 95 %, 1,14–2,02). Globalement, 49,0 % (IC à 95 %, 47,6 %–50,3 %) des femmes qui ont affirmé être actives sexuellement n’utilisaient pas de contraception.
Interprétation : Au Pérou, l’incidence des IVG clandestines, qui sont potentiellement dangereuses, est aussi élevée, voire plus élevée que dans de nombreux pays où les IVG sont légales et non risquées. L’accès à la contraception et la sensibilisation aux pratiques sexuelles non risquées pour les populations qui en ont besoin doivent être considérablement améliorés et pourraient potentiellement réduire le taux d’IVG.
Affiliations : Universidad Peruana Cayetano Heredia (Bernabé-Ortiz, Carcamo, Gonzales, Garcia), Lima, Peru; MRC Centre for Outbreak Analysis and Modelling, Department of Infectious Disease Epidemiology, Faculty of Medicine (White, Garnett), Imperial College London, London, UK; and the Center for AIDS and STD (Hughes, Holmes) and the Department of Global Health and Medicine (Holmes), University of Washington, Seattle, USA
Correspondance : Dr Antonio Bernabé-Ortiz, Avenida Honorio Delgado 430, Ingenieria, Lima 31, Peru; 03887{at}upch.edu.pe