Résumé
Risk of development of diabetes mellitus after diagnosis of gestational diabetes
Denice S. Feig MD MSc, Bernard Zinman MD, Xuesong Wang MSc, Janet E. Hux MD MSc
Contexte : On considère généralement que le diabète de grossesse constitue un facteur de risque de diabète de type 2. Le lien précis entre ces deux maladies reste toutefois à élucider. Nous avons tenté de déterminer l’incidence du diabète de type 2 consécutif à un diagnostic de diabète de grossesse.
Méthodes : Nous avons utilisé une base de données démographiques afin de recenser tous les accouchements ayant eu lieu en Ontario au cours de la période de 7 ans s’étendant du 1er avril 1995 au 31 mars 2002. Au moyen d’une autre base de données administratives qui recense les personnes atteintes de diabète à partir soit des dossiers de facturation des médecins, soit des dossiers d’hospitalisation, nous avons relié ces naissances aux mères qui avaient reçu un diagnostic de diabète de grossesse. Nous avons examiné les dossiers des bases de données pour ces femmes à partir de la date de leur accouchement et jusqu’au 31 mars 2004, soit 9 ans en tout. Nous avons déterminé la présence de diabète de type 2 selon la définition d’une base de données administratives validées pour cette maladie.
Résultats : Nous avons recensé 659 164 femmes enceintes sans antécédent de diabète. Parmi ces femmes, 21 823 (3,3 %) ont reçu un diagnostic de diabète de grossesse. L’incidence du diabète de grossesse a significativement augmenté au cours des 9 années de l’étude, passant de 3,2 % en 1995, à 3,6 % en 2001 (p < 0,001). La probabilité que le diabète se manifeste après un diabète de grossesse était de 3,7 % dans les 9 mois suivant l’accouchement et de 18,9 % dans les 9 ans suivant l’accouchement. Après ajustement pour tenir compte de l’âge, du milieu de vie urbain ou rural, du quintile de revenu du quartier, des grossesses antérieures, le cas échéant, ou des antécédents d’hypertension après une première grossesse et du niveau de soins primaires reçus après l’accouchement de référence, le facteur de risque le plus important à l’égard du diabète a été le fait d’avoir souffert d’un diabète de grossesse durant la grossesse de référence (risque relatif 37,28, intervalle de confiance à 95 %, 34,99–40,88; p < 0,001). L’âge, vivre en milieu urbain et avoir un revenu faible ont aussi été d’importants facteurs. Lors d’une analyse selon l’année de l’accouchement, le taux de diabète a été plus élevé dans la sous-cohorte plus récente de femmes ayant souffert d’un diabète de grossesse (accouchement entre 1999 et 2001) que dans la sous-cohorte ayant accouché avant (en 1995 ou 1996) (16 % dans les 4,7 ans suivant l’accouchement, contre 16 % dans les 9,0 ans).
Interprétation : Dans cette grande étude représentative, le taux de diabète suivant un diabète de grossesse a augmenté avec le temps, pour atteindre près de 20 % à la neuvième année. Les médecins gagneraient à tenir compte de cette statistique lorsqu’ils conseillent des femmes enceintes ou des décideurs afin de pouvoir cibler ces femmes à des fins de dépistage et de prévention.
Affiliations : Department of Medicine (Feig, Zinman, Hux), University of Toronto, Toronto, Ont.; the Division of Endocrinology (Feig, Zinman), Mount Sinai Hospital, Toronto, Ont.; and the Institute for Clinical and Evaluative Sciences (Wang, Hux), Toronto, Ont.
Correspondance : Dr Denice S. Feig, Mount Sinai Hospital, Ste. 5027, Lebovic Building, 60 Murray St., Toronto ON M5T 3L9; fax 416 361-2657; d.feig{at}utoronto.ca