Un homme de 38 ans est venu consulter en dermatologie pour une perte de cheveux progressive depuis 6 mois. Il ne ressentait aucune démangeaison ni douleur au cuir chevelu, qui était parsemé de lésions semblables à des plaques chauves diffuses non cicatricielles et non inflammatoires, aux bords estompés et de taille irrégulière (figure 1A). Trois mois plus tôt, le patient avait présenté un érythème non prurigineux au tronc et aux membres, qui s’est résorbé spontanément en 10 semaines. Il a déclaré avoir eu des relations sexuelles non protégées 6 mois plus tôt et a dit ne pas avoir consommé de drogues injectables.
La recherche sérologique de la syphilis a donné des résultats positifs au test rapide de la réagine plasmatique (test RPR) (1:64; valeur normale [test négatif] ≤ 1:8) et au test d’immunofluorescence absorbée, appuyant ainsi le diagnostic de syphilis secondaire. Le dépistage du VIH a donné des résultats négatifs. Nous avons alors prescrit un traitement à la pénicilline par voie intramusculaire (3 doses de 2,4 millions UI par semaine). Trois mois plus tard, les cheveux du patient avaient repoussé (figure 1B), et le résultat au test RPR était de 1:8. Au suivi à 1 an, ce résultat était de 1:1.
L’incidence de la syphilis est en hausse au Canada1,2. Une pelade sans cicatrices ou démangeaisons a été observée chez environ 3 %–7 % des patients atteints de syphilis secondaire3. L’alopécie syphilitique — qui peut être en plaques, diffuse ou les deux à la fois — touche généralement les régions occipitale et pariétale. La perte de cheveux peut être accompagnée d’un érythème généralisé non prurigineux ou d’une lymphadénopathie généralisée non douloureuse, ou encore être précédée d’un chancre génital4. Chez les patients qui obtiennent un résultat positif au dépistage sérologique de la syphilis, il faut envisager un diagnostic d’alopécie essentielle si l’alopécie est la seule manifestation de l’infection, et un diagnostic d’alopécie symptomatique si la perte de cheveux est accompagnée d’autres signes et symptômes de syphilis3.
À la trichoscopie, les signes cliniques évocateurs d’autres diagnostics comprennent la présence de cheveux « en point d’exclamation », laissant croire à une alopécie en aires, et celle de cheveux « en virgule », pouvant caractériser la teigne du cuir chevelu5. Les antécédents d’arrachage de cheveux et l’observation de cheveux cassés de façon irrégulière à la trichoscopie sont des indices de trichotillomanie.
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Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200894
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