L'Afghanistan était déjà en ruines lorsque les États-Unis et leurs alliés y ont lâché des tonnes de bombes pour écraser al-Qaeda. Maintenant que les bombardements ont ralenti, la situation précaire du pays est de nouveau au premier plan au milieu des ruines. Une espérance de vie de 46 ans, un taux de mortalité maternelle qui vient au deuxième rang au monde (à toutes les demi-heures, il meurt une mère en train d'accoucher), un taux de mortalité infantile chez les moins de 5 ans qui atteint 25 % et un taux de mortalité attribuable à la rougeole qui vient au troisième rang au monde1. Pendant le règne de 5 ans des Talibans maintenant partis, les femmes ont été exclues des écoles, les travailleuses en santé étaient principalement interdites de travail et les médecins de sexe masculin n'avaient pas le droit de traiter des patientes.
Le Dr Sima Samar, chef du nouveau ministère des Affaires féminines de l'Afghanistan2 (voir page 368), a demandé aux États-Unis de dépenser en Afghanistan autant d'argent pour la nourriture, l'hébergement, l'éducation et les soins médicaux à la population qu'ils en ont dépensé pour bombarder le pays (40 milliards de dollars US). Ce chiffre théorique ne sera pas atteint. Depuis le 1er octobre, l'aide humanitaire accordée par les États-Unis à l'Afghanistan totalise à peu près 246 millions de dollars US. Le Canada a contribué 16 millions de dollars jusqu'à maintenant et s'est engagé dans son récent budget à ajouter 100 millions de dollars au cours de la prochaine année3.
Le Canada en fait-il assez dans le domaine de l'aide internationale en général? Le Canada n'a jamais atteint l'objectif fixé aux pays membres des Nations Unies, soit contribuer 0,7 % de leur PNB à l'aide au développement dans les pays pauvres. Selon les derniers calculs, la contribution du Canada s'établit à 0,28 %4.
Les temps sont durs pour l'économie de tous les pays, mais pendant que les sociétés industrialisées comme la nôtre se tracassent au sujet de la viabilité, la majeure partie du monde est aux prises avec des questions de survie. Nous devons aider, même si nous pensons que l'aide au développement est souvent mal distribuée ou gaspillée. Dans un rapport que la Commission Macroéconomie et Santé5 a produit récemment pour l'Organisation mondiale de la santé (voir page 361), on souligne l'importance d'investir dans l'aide internationale : les maladies et les décès prématurés – dont on estime le total à 8 millions par année – constituent pour les pays pauvres des tragédies non seulement humaines mais aussi économiques. On recommande dans le rapport que les pays pauvres eux-mêmes augmentent les dépenses qu'ils consacrent aux soins de santé et à la prévention d'une autre tranche de 0,1 % de leur produit intérieur brut d'ici à 2007 (environ 35 milliards de dollars US) et que les pays riches fournissent le reste – 22 milliards de dollars et 5 milliards de plus pour la recherche.
Le Dr Suhaila Seddiqi, nouvelle ministre de la Santé publique de l'Afghanistan, a demandé au monde d'aider à remettre en état l'infrastructure de la santé en Afghanistan. Elle souhaite que des organismes internationaux aident à relancer la formation en médecine des travailleuses en santé, qu'elle a décrites comme un «capital crucial» pour le système de santé de l'Afghanistan. Avec l'argent supplémentaire promis dans le budget fédéral, le moment est peut-être venu pour les universités du Canada, et en particulier leurs nouveaux départements et centres d'études féminines, de donner l'exemple. La guerre au terrorisme amorce peut-être une nouvelle étape. Le moment est venu de lancer une campagne de rétablissement en Afghanistan dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'équité. — JAMC
References
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