La présence de désordres neurologiques importants chez deux Eulemur fulvus mayottensis a entraîné leur sacrifice. Ces animaux, élevés en parc zoologique, avaient à leur disposition quotidiennement des aliments naturels et industriels contenant des éléments carnés suspects. L'examen microscopique des cerveaux a montré l'existence d'une vacuolisation importante des neurones, évoquant une encéphalopathie spongiforme. L'analyse immunocytochimique, réalisée par des anticorps mono- et polyclonaux dirigés contre différentes séquences de la protéine prion (PrP), a permis de caractériser une immunoreactivité positive à la fois dans les cerveaux dans la zone périvacuolaire des neurones et au niveau des tractus digestif et de certaines structures du système réticuloendothélial avoisinant chez les lémurs malades. Un marquage particulièrement intense a été détecté dans le cytoplasme des cellules superficielles et basales de l'épithélium œsophagien, dans les cellules épithéliales bordant la lumière gastrique et dans l'épithélium cylindrique intestinal. Les anticorps dirigés contre la PrP ont permis de déceler la présence de la protéine dans la paroi des vaisseaux sanguins et lymphatiques des villosités intestinales et même dans des lymphocytes. Enfin dans les amygdales pharyngiennes, une forte immunoréactivité a été observée à la périphérie de l'organe, dans les nodules lymphoïdes et au niveau des éléments médullaires. Ces différents marquages n'ont pas été décelés sur des coupes de tractus digestif et structures avoisinantes prélevés sur des lémuriens ne présentant pas de spongiose cérébrale, qu'il s'agisse d'un jeune Eulemur fulvus élevé dans les mêmes conditions que les animaux malades mais pendant quelques mois seulement, ou de Microcebus murinus, autres lémuriens mais élevés au laboratoire et n'ayant jamais été au contact d'aliments industriels contenant des farines de viande de bétail. Les résultats présentés ici font état d'une accumulation particulièrement intense de PrP dans le cerveau, le tractus digestif et structures vasculaires et lymphoïdes avoisinantes chez des primates élevés en parc zoologique et affectés d'une encéphalopathie spongiforme.
We report on two animals of a non-human primate species Eulemur fulvus mayottensis, housed in the local zoo and fed over a number of years with a food containing cattle meat, that developed serious neurological symptoms associated with prion immunoreactivity in brain and various viscera. Microscopy of the brains showed neuronal vacuolation with patchylperivacuolar immunolabelling with an abnormal isoform of prion protein (IR-PrP), an important characteristic of spongiform encephalopathy. For the first time, we report the presence in the same severely ill animals of IR-PrP in the gastrointestinal tract, detected by immunocytochemistry with mono- andpolyclonal antibodies directed against various parts of the PrP. Strong PrP labelling was observed in the epithelial cells lining the pharyngeal and gastrointestinal lumen. The tonsils and the walls of the lymph and blood vessels below the intestinal epithelium were also labelled. There were no such immunoreactions in healthy lemurians killed as controls, i.e. a younger congener of the same species housed under the same conditions, and others belonging to the smaller species Microcebus murinus, reared in the laboratory and never fed on commercial food products containing cattle meat. These results demonstrate a strong PrP accumulation in the brain, the gastrointestinal tract and underlying lymphoreticular structures in these primates living in a zoological park and suffering from a spongiform encephalopathy.