Résumé
A population-based study of the drug interaction between proton pump inhibitors and clopidogrel
David N. Juurlink MD PhD, Tara Gomes MHSc, Dennis T. Ko MD MSc, Paul E. Szmitko MD, Peter C. Austin PhD, Jack V. Tu MD PhD, David A. Henry MD, Alex Kopp BA, Muhammad M. Mamdani PharmD MPH
Contexte : La plupart des inhibiteurs de la pompe à protons inhibent la bioactivation du clopidogrel en son métabolite actif. La portée clinique de cette interaction médicamenteuse est inconnue.
Méthodes : Nous avons effectué une étude cas-témoins emboîtée auprès d’une population de patients de 66 ans ou plus ayant commencé à prendre du clopidogrel entre le 1er avril 2002 et le 31 décembre 2007, après avoir reçu leur congé de l’hôpital suite à un traitement pour infarctus aigu du myocarde. Les patients qui avaient dû être réadmis pour récidive d’infarctus aigu du myocarde dans les 90 jours suivant leur congé ont constitué notre groupe de cas. Nous avons effectué une analyse secondaire des incidents survenus au cours d’une année. Les témoins indemnes de tels incidents (selon un rapport de 3:1) ont été jumelés aux cas selon l’âge, l’intervention coronarienne percutanée et un score de risque validé. Nous avons établi différentes catégories d’exposition aux inhibiteurs de la pompe à protons, soit exposition avant la date index, exposition courante (dans les 30 jours), exposition antérieure (dans les 31 à 90 jours) ou éloignée (91 à 180 jours).
Résultats : Parmi les 13 636 patients à qui l’on a prescrit du clopidogrel après un infarctus aigu du myocarde, nous avons recensé 734 réadmissions pour infarctus du myocarde et 2 057 témoins. Après un important ajustement multivarié, l’utilisation courante d’inhibiteurs de la pompe à protons a été associée à un risque accru de récidive d’infarctus (rapport des cotes RC ajusté 1,27; intervalle de confiance IC à 95 %, 1,03–1,57). Nous n’avons pas observé de lien avec l’exposition plus éloignée aux inhibiteurs de la pompe à protons ni lors des analyses de sensibilité multiple. Dans une analyse stratifiée, le pantoprazole, qui n’inhibe pas le cytochrome P450 2C19, n’a aucunement été associé à la réadmission pour infarctus du myocarde (RC ajusté 1,02; IC à 95 %, 0,70–1,47).
Interprétation : Parmi les patients traités par clopidogrel après un infarctus aigu du myocarde, le traitement concomitant au moyen d’un autre inhibiteur de la pompe à protons que le pantoprazole a été associé à une atténuation des effets bénéfiques du clopidogrel et à un risque accru de récidive d’infarctus.
Affiliations : From the Department of Medicine (Juurlink, Ko, Tu), Sunnybrook Health Sciences Centre, Toronto, Ont.; the Institute for Clinical Evaluative Sciences (Juurlink, Gomes, Ko, Austin, Tu, Henry, Kopp, Mamdani), Toronto, Ont.; the Department of Medicine (Szmitko, Mamdani), St. Michael’s Hospital, Toronto, Ont.; and the Department of Medicine (Juurlink, Ko, Tu, Henry, Mamdani), the Department of Health Policy, Management and Evaluation (Austin, Henry) and the Dalla Lana School of Public Health (Austin), University of Toronto, Toronto, Ont.
Correspondance : Dr David Juurlink, G Wing 106, Sunnybrook Health Sciences Centre, 2075 Bayview Ave., Toronto ON M4N 3M5; fax 416 480-6048; dnj{at}ices.on.ca