Le vaccin oral contre la poliomyélite est employé à l’échelle internationale, mais plus au Canada depuis 1996
Les virus contenus dans la forme orale du vaccin contre la poliomyélite sont éliminés dans les selles pendant plusieurs semaines et sont transmissibles. Lorsqu’il circule parmi des populations sous-immunisées, le virus peut muter et reprendre une forme pouvant causer la paralysie chez les personnes non adéquatement immunisées ou les personnes immunovulnérables. Le risque d’éclosion est présent dans les collectivités dont la couverture vaccinale est faible. Au Canada, on fait appel au vaccin inactivé contre la poliomyélite; ce vaccin ne peut pas causer la maladie.
Le virus de la poliomyélite pourrait circuler au Canada
Un rapport de l’état de New York publié en 2022 au sujet d’un cas de poliomyélite issu d’un vaccin chez une personne adulte non vaccinée et immunocompétente a documenté le deuxième cas connu de transmission communautaire du poliovirus aux États-Unis depuis 19791. On a détecté plusieurs échantillons d’eaux usées positifs dans cet état. On a récemment détecté la même souche virale dans des eaux usées au Royaume-Uni2.
Les personnes non adéquatement immunisées (< 4 doses du vaccin contre la poliomyélite) sont à risque de contracter une infection au poliovirus
Le poliovirus est un entérovirus qui se propage par la voie orofécale. Les personnes peuvent excréter le poliovirus de façon asymptomatique pendant plusieurs semaines. La période d’incubation est de 3–6 jours, la paralysie se manifestant après 7–21 jours3. Les enfants de 5 ans et moins présentent le risque le plus important face à l’infection. Le poliovirus est hautement infectieux, avec un taux de séroconversion de 90 %–100 % parmi les membres d’un même foyer4.
Le tableau clinique de l’infection au poliovirus va de symptômes subcliniques à la paralysie et la mort4
La plupart des infections au poliovirus (75 %) sont asymptomatiques. Des symptômes non spécifiques se manifestent chez 24 % des personnes3. Une personne sur 200 présentera une poliomyélite paralytique et les deux-tiers de ces patients conserveront une faiblesse permanente. Parmi les personnes atteintes de paralysie, 5 %–15 % décèderont en raison d’une atteinte des muscles respiratoires5. Une maladie gastro-intestinale se manifeste tout d’abord, suivie 1–3 semaines plus tard d’une faiblesse évoluant rapidement vers une paralysie flasque, souvent de nature asymétrique et touchant principalement les muscles proximaux.
La poliomyélite devrait être envisagée chez tous les patients présentant une paralysie flasque aiguë
Des échantillons de selles devraient être analysés pour dépistage des entérovirus par réaction en chaîne par polymérase et sérotypage moléculaire des entérovirus. La poliomyélite est une maladie à déclaration obligatoire au Canada et à l’échelle internationale. Avisez immédiatement les autorités compétentes en cas de suspicion clinique, même si vous n’avez pas la confirmation des analyses de laboratoire.
Le JAMC vous invite à soumettre vos textes pour la rubrique « Cinq choses à savoir … » en ligne à http://mc.manuscriptcentral.com/cmaj.
Footnotes
Intérêts concurrents : Marina Salvadori mentionne être une employée de l’Agence de la santé publique du Canada.
Cet article a été révisé par des pairs.
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