Désétiquetage de l’allergie à la pénicilline chez les personnes enceintes =============================================================================== * Andrea Atkinson * Vanessa Poliquin * Chelsea Elwood [Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.220973](http://www.cmaj.ca/lookup/volpage/195/E452); [voir l’article connexe ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.221266-f](http://www.cmaj.ca/lookup/volpage/195/E884); ## On peut désétiqueter l’allergie à la pénicilline du dossier de santé de la plupart des personnes enceintes déclarant une telle allergie Malgré le fait que 10 % des personnes enceintes déclarent une allergie à la pénicilline1, il est possible de leur administrer cet antibiotique sans danger dans 83 %–95 % des cas après une évaluation2,3 au moyen d’un test de provocation par voie orale qui, s’il s’avère négatif, permet le « désétiquetage ». Ce test est associé à la prévention de la résistance aux antibiotiques et de l’infection à *Clostridium difficile* provoquée par d’autres antibiotiques, et engendre une diminution significative du coût des soins de santé2. ## Le désétiquetage au dossier de santé offre un avantage direct à la personne enceinte et au nouveau né L’allergie à la pénicilline est associée à des issues obstétricales défavorables, dont des taux supérieurs de césarienne et d’infection de plaie, et un séjour hospitalier plus long1. Elle est aussi liée à une antibioprophylaxie inadéquate chez les personnes qui se révèlent positives à l’égard du *Streptocoque* du groupe B1,4, ce qui entraîne un risque accru de maladie néonatale à *Streptocoque* du groupe B d’apparition précoce5. Des études ont montré que le désétiquetage accroît le recours à des antibiotiques adéquats pendant le travail et l’accouchement3. ## La mention d’une allergie à la pénicilline pendant le suivi prénatal devrait entraîner l’aiguillage vers des protocoles de désétiquetage de l’allergie à la pénicilline À tout moment de la grossesse, il est possible de désétiqueter l’allergie à la pénicilline au dossier de santé en contexte ambulatoire. Le niveau de risque est stratifié avec des outils validés; un test cutané est réalisé en cas de risque élevé et un test de provocation directe par voie orale (avec de l’amoxicilline) est indiqué en cas de risque faible. Le processus, supervisé par un allergologue et un obstétricien, est réalisé en 1 seule séance; des mesures d’urgence et de surveillance, dont l’accès au monitorage et à la réanimation du fœtus, assurent la sécurité de la personne enceinte et du fœtus. ## Au Canada, le désétiquetage pendant la grossesse est sûr et efficace Plusieurs études ont fourni des données sur l’innocuité du test pendant la grossesse2,3,6. Selon l’une d’entre elles, réalisée en 2022 dans un hôpital de soins tertiaires canadien, le test de provocation directe par voie orale est sans danger pour la patientèle à risque faible, avec un taux de réaction cutanée différée de 1,9 % et aucun événement indésirable grave6. Les réactions cutanées différées peuvent être désagréables, mais elles se traitent avec des antihistaminiques et l’application d’onguents de corticostéroïdes à faibles doses sur les zones concernées. ## Quand le désétiquetage de l’allergie à la pénicilline est inaccessible, le choix des antibiotiques et les tests de sensibilité sont essentiels L’administration de clindamycine pour l’antibioprophylaxie des infections à *Streptocoques* du groupe B est susceptible d’aggraver la résistance aux antibiotiques et les effets indésirables3,4. En cas d’allergie connue à la pénicilline au moment du dépistage du *Streptocoque* du groupe B (généralement à 36 semaines de grossesse), le test de sensibilité aide à choisir un antibiotique adéquat. La plupart des personnes allergiques à la pénicilline peuvent recevoir de la céfazoline pour la césarienne et l’antibioprophylaxie des infections à *Streptocoques* du groupe B. Le *JAMC* vous invite à soumettre vos textes pour la rubrique « Cinq choses à savoir … » en ligne à [http://mc.manuscriptcentral.com/cmaj](http://mc.manuscriptcentral.com/cmaj). ## Footnotes * **Intérêts concurrents:** Vanessa Poliquin a été la chercheuse principale d’un site d’étude sur un vaccin de la société biopharmaceutique GSK et a reçu des honoraires des laboratoires Sanofi Pasteur pour avoir enseigné à un événement d’éducation médicale et a été rémunérée par le ministère de la Justice du Canada pour agir à titre de témoin expert. Elle a coprésidé le comité sur les maladies infectieuses de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), a dirigé le Département d’obstétrique, de gynécologie et de sciences de la reproduction à l’Université du Manitoba et a été la responsable provinciale de la spécialité de santé des femmes à Soins communs (Manitoba). Chelsea Elwood a reçu des bourses des Instituts de recherche en santé du Canada, de l’Agence de la santé publique du Canada et de l’Institut de recherche en santé féminine de la Colombie-Britannique, ainsi que des honoraires de consultation de la société Bayer pour une présentation à son conseil d’administration. Le Département d’obstétrique et de gynécologie, de maïeutique et de formation médicale de la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique lui a versé des honoraires et l’Association canadienne de protection médicale l’a rémunérée pour agir à titre de témoin expert. Elle a coprésidé le comité sur les maladies infectieuses de la SOGC. Andrea Atkinson a reçu un prix pour chercheurs en début de carrière à la conférence de la SOGC sur les maladies infectieuses en août 2022 et la bourse Jean Murray Jones du Collège royal australien et néo-zélandais des obstétriciens et gynécologues. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré. * Cet article a été révisé par des pairs. * **Financement:** Aucun financement n’a été reçu pour ces travaux. Andrea Atkinson a reçu la bourse Jean Murray Jones du Collège royal australien et néo-zélandais des obstétriciens et gynécologues. This is an Open Access article distributed in accordance with the terms of the Creative Commons Attribution (CC BY-NC-ND 4.0) licence, which permits use, distribution and reproduction in any medium, provided that the original publication is properly cited, the use is noncommercial (i.e., research or educational use), and no modifications or adaptations are made. See: [https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/](https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/) ## Références 1. Desai SH, Kaplan MS, Chen Q, et al. Morbidity in pregnant women associated with unverified penicillin allergies, antibiotic use, and group B Streptococcus infections. Perm J 2017;21:16–080. [CrossRef](http://www.cmaj.ca/lookup/external-ref?access_num=10.7812/TPP/16-024&link_type=DOI) [PubMed](http://www.cmaj.ca/lookup/external-ref?access_num=28488993&link_type=MED&atom=%2Fcmaj%2F195%2F25%2FE888.atom) 2. Furness A, Kalicinsky C, Rosenfield L, et al. Penicillin skin testing, challenge, and desensitization in pregnancy: a systematic review. J Obstet Gynaecol Can 2020;42:1254–61.e3. 3. Wolfson AR, Mancini CM, Banerji A, et al. Penicillin allergy assessment in pregnancy: safety and impact on antibiotic use. J Allergy Clin Immunol Pract 2021;9:1338–46. 4. Matteson KA, Lievense SP, Catanzaro B, et al. Intrapartum group B streptococci prophylaxis in patients reporting a penicillin allergy. Obstet Gynecol 2008;111:356–64. 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