Une femme de 39 ans, d’un indice de masse corporelle de 25,8, se présente à la clinique de médecine interne avec une douleur abdominale au quadrant inférieur gauche, des ballonnements abdominaux et des mictions fréquentes depuis 5 jours. La douleur est sourde, non irradiante et persistante; elle s’intensifie lors de la miction, de la marche et du rire, mais non lors des repas. C’est la première fois que la patiente ressent des symptômes de ce type. Elle n’a aucun vomissement, fièvre, diarrhée, constipation ou hématochézie et ses signes vitaux sont normaux. Elle présente une sensibilité localisée, sans douleur de rebond, dans le quadrant inférieur gauche de l’abdomen, qui ne s’intensifie pas lors de la contraction de la paroi abdominale (test de Carnett négatif). La tomodensitométrie montre une masse graisseuse en forme de fuseau d’une longueur de 3 cm adjacente au côlon sigmoïde et délimitée par un liséré en forme d’anneau de forte absorption (anneau hyperdense; figure 1) ainsi qu’une inflammation autour de la masse s’étendant jusqu’à la vessie. Nous avons donc diagnostiqué une appendagite épiploïque. Ses symptômes ont disparu après 7 jours d’une prise en charge conservatrice.
Les appendices épiploïques sont des poches du péritoine ressortant du bord antimésentérique du côlon qui contiennent des tissus adipeux et des vaisseaux sanguins1,2. L’appendagite épiploïque se caractérise par l’inflammation et la nécrose ischémique de ceux-ci à la suite d’une torsion ou d’une thrombose veineuse1,2. Le taux annuel d’incidence est de 8,8 cas par million de personnes1. Les facteurs de risque sont l’obésité, l’activité physique intense et la présence d’hernie abdominale1,2. La douleur est généralement aiguë, localisée, non irradiante et persistante1. Lorsque l’appendice épiploïque touché adhère au péritoine, la douleur peut s’intensifier à la suite d’un mouvement, d’une respiration profonde ou d’une toux1,2. La fièvre, les nausées, les vomissements, la diarrhée, la constipation et les ballonnements abdominaux surviennent rarement1. Si l’inflammation s’étend à la vessie, des symptômes peuvent se manifester dans le système urinaire inférieur, entraînant ainsi un diagnostic erroné d’infection urinaire.
L’appendicite et la diverticulite sont aussi à considérer pour le diagnostic différentiel. Dans l’établissement du diagnostic d’appendagite épiploïque, la tomodensitométrie offre une meilleure sensibilité et spécificité que l’échographie3. Les principaux résultats observés par tomodensitométrie sont un anneau et un point central hyperdenses1. L’affection est spontanément résolutive et peut-être prise en charge grâce à des analgésiques anti-inflammatoires, et on note habituellement une amélioration dans les 14 jours1. Des complications comme l’adhérence, l’occlusion intestinale et l’invagination surviennent rarement1–3. La connaissance de cette affection permet une réduction des démarches inutiles (hospitalisations, interventions chirurgicales, recours aux antibiotiques).
Footnotes
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteurs ont obtenu le consentement de la patiente.
This is an Open Access article distributed in accordance with the terms of the Creative Commons Attribution (CC BY-NC-ND 4.0) licence, which permits use, distribution and reproduction in any medium, provided that the original publication is properly cited, the use is noncommercial (i.e., research or educational use), and no modifications or adaptations are made. See: https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/