Une anaphylaxie à la suite de l’administration d’un vaccin contre le SRAS-CoV-2 est peu fréquente
Les taux observés d’anaphylaxie sont de 4,7 cas par million de personnes pour le vaccin Pfizer-BioNTech et 2,5 cas par million de personnes pour le vaccin Moderna1. On n’a rapporté aucune réaction allergique fatale, possiblement en raison de l’identification et du traitement rapides des cas.
Une réaction immédiate consécutive à la première dose des vaccins à ARNm ne devrait pas exclure l’administration de la deuxième dose
Dans le cadre d’une étude rétrospective d’une série de cas, 189 personnes ont rapporté des réactions immédiates après la première dose du vaccin; on a administré sans complication une deuxième dose à 159 d’entre elles2. Des réactions non spécifiques et touchant un seul système (p. ex., rougeurs, urticaire, étourdissements) à la première dose étaient plus fréquentes que l’anaphylaxie2, et ces réactions peuvent être atténuées par du soutien et un traitement conservateur, dont l’administration d’antihistaminiques de deuxième génération.
La réalisation de tests cutanés de sensibilité aux excipients n’est pas utile3,4
Dans le cadre d’une série de cas comprenant 80 personnes, 81 % d’entre elles ont présenté des réactions immédiates aux vaccins à ARNm; 18 % ont obtenu un résultat positif à un test cutané de sensibilité au polyéthylèneglycol (PEG) ou au polysorbate-80, 2 composés de structure similaire. Cependant, 89 % des personnes ont toléré la deuxième dose, y compris celles ayant réagi aux tests cutanés4. Ces résultats constituent un argument contre la présence d’anticorps immunoglobulines E (IgE) anti-PEG.
Les réactions aux vaccins à ARNm contre le SRAS-CoV-2 pourraient ne pas être médiées par des anticorps IgE
Le mécanisme des réactions au vaccin à ARNm est inconnu. Des liposomes, comme ceux contenus dans les vaccins à ARNm, peuvent déclencher des pseudoallergies associées à une activation du complément, menant à la dégranulation des mastocytes. Le même mécanisme intervient dans les réactions à d’autres médicaments liposomaux, comme la doxorubicine liposomale. Une pseudoallergie pourrait expliquer pourquoi les personnes présentant des réactions immédiates après leur première dose sont en mesure de tolérer les doses subséquentes5.
Une rapide évaluation par un allergologue dans le cadre de l’administration de vaccins à ARNm est maintenant accessible à l’échelle du Canada
Le Comité consultatif national de l’immunisation recommande que les personnes susceptibles de présenter des réactions allergiques après une première dose d’un vaccin à ARNm puissent recevoir les doses additionnelles de tous les vaccins à ARNm, en consultation avec un allergologue. Des évaluations accélérées faites par un allergologue peuvent être réalisées en personne (https://cirnetwork.ca/sic-network-patient-referrals/) ou par l’intermédiaire d’une plateforme électronique (https://otnhub.ca).
Le JAMC vous invite à soumettre vos textes pour la rubrique « Cinq choses à savoir … » en ligne à http://mc.manuscriptcentral.com/cmaj.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.211581
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
- Received January 24, 2022.
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