Faire partie de la communauté Sourde n’est pas synonyme d’avoir une déficience auditive
Environ 357 000 Canadiens et Canadiennes se disent membres de la communauté Sourde (avec la majuscule), une minorité culturelle et linguistique distincte qui utilise la langue des signes pour communiquer et pour qui la surdité est un état, et non un handicap à corriger1. En revanche, autour de 3,2 millions de Canadiens et Canadiennes ont une déficience auditive, parfois grave ou profonde (on les dit « sourds » avec la minuscule).
Les membres de la communauté Sourde ont de moins bons résultats de santé mentale, cardiovasculaire et sexuelle que les personnes non Sourdes2,3
Étant donné leur accès limité aux médias de masse conçus pour les entendants, aux conversations environnantes et aux messages de santé publique, les membres de la communauté Sourde sont 6,9 fois plus susceptibles que les personnes non sourdes d’avoir une littératie en santé inadéquate4. Les Sourds utilisant la langue des signes ont beaucoup moins de connaissances en santé cardiovasculaire que ces dernières4.
Ce ne sont pas toutes les personnes atteintes de perte auditive grave à profonde qui parlent couramment la langue des signes
Il faut s’enquérir auprès de chaque personne du mode de communication qu’elle privilégie, par exemple la lecture labiale, la communication écrite, les aides visuelles ou la langue des signes. Si une personne préfère la langue des signes, un interprète devrait être mis à sa disposition4. Il vaut mieux éviter de présumer que les personnes Sourdes lisent bien sur les lèvres, puisqu’il arrive qu’elles ne comprennent que 30 % des conversations.
Les avancées technologiques peuvent servir à améliorer la communication avec les personnes Sourdes
L’intégration aux soins cliniques des innovations en interprétation de la langue des signes, comme KinTrans (www.kintrans.com) et Sign-Speak (sign-speak.com), a un potentiel considérable pour améliorer la communication avec les usagers de la langue des signes5.
La disponibilité des implants cochléaires a soulevé des préoccupations à propos de leurs répercussions sur l’identité culturelle Sourde
Bien que les implants cochléaires soient associés à une amélioration de l’audition et du développement de la langue parlée, leur effet sur l’identité culturelle, la participation sociale et le bien-être des personnes Sourdes demeure sujet de controverse. Par exemple, l’intégration des enfants Sourds ayant des implants cochléaires dans des écoles régulières a causé un déclin des écoles spécialisées pour les sourds6.
Remerciements
Les auteurs sont reconnaissants pour la contribution intellectuelle du Dr Laurent Frikart, un otorhinolaryngologiste qui travaille auprès de personnes Sourdes ou ayant une déficience auditive à Lausanne, en Suisse. Ils tiennent aussi à souligner celle de Stéphane Beyeler, un usager Sourd de la langue des signes qui s’identifie comme membre de la communauté Sourde de Lausanne et est directeur régional francophone de la Fédération Suisse des Sourds. Tous deux ont examiné le contenu d’une version révisée du manuscrit et fourni du contenu intellectuel précieux.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.200772
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
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