Une femme de 37 ans s’est présentée au service de consultation externe d’otorhinolaryngologie car depuis 1 an, elle ressentait par intermittence une sensation de brûlure et constatait un changement de l’aspect de sa langue. La patiente n’avait aucun antécédent de saignements, de douleurs ou de lésions cutanées ou génitales concomitantes ni aucun antécédent dermatologique. Un cycle de traitement par clotrimazole et des suppléments de vitamine B se sont révélés inefficaces. À l’examen, elle présentait des lésions annulaires bien circonscrites, avec érythème central et bordure blanche en serpentin aux deux tiers antérieurs de la face dorsale de sa langue (figure 1), sans fissures. Compte tenu de l’anamnèse, de l’aspect de sa langue et de son examen physique par ailleurs normal, nous avons diagnostiqué un cas de langue géographique. Nous avons prescrit de la benzydamine topique, au besoin, pour le soulagement des symptômes de brûlure. Après 6 mois, au moment du suivi, elle n’avait plus de symptômes, si ce n’est des anomalies sous forme de plaques sur la langue.
La langue géographique (aussi connue sous le nom glossite exfoliatrice marginée ou glossite migratoire bénigne) est une maladie inflammatoire bénigne d’origine inconnue, habituellement asymptomatique, qui affecte principalement la face dorsale de la langue. Les estimations de sa prévalence vont de 1 % à 5 %, sans prédilection quant au sexe, et elle est plus fréquente chez les personnes de moins de 30 ans1. Les zones centrales de l’érythème et les zones annulaires périphériques blanchâtres correspondent à l’histologie qui montre une atrophie focale des papilles filiformes et un épithélium desquamé avec infiltrats lymphoplasmocytaires neutrophiliques sous-épithéliaux2. Les lésions plus localisées et celles d’une durée plus brève, particulièrement chez les patients qui fument, consomment beaucoup d’alcool et ont une piètre hygiène dentaire, pourraient suggérer une candidose ou une maladie maligne2. En présence d’un degré de suspicion clinique faible à l’égard d’autres diagnostics, comme le lichen plan ou une réaction médicamenteuse, la biopsie n’est pas nécessaire3. Pour les patients qui éprouvent une sensation de brûlure, l’essai d’un corticostéroïde ou d’un anesthésique topiques pourrait être utile1,2. Les lésions peuvent changer de forme ou d’endroit sur la langue, mais sont en général autolimitatives.
Footnotes
Intérêts concurrents: Aucun déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
Les auteurs ont obtenu le consentement de la patiente.
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