Des antécédents de traumatismes sexuels réduisent la probabilité que les personnes subissent un examen génital ou gynécologique en temps opportun
Au Canada, plus de la moitié des personnes transgenres, 1 femme sur 3 et 1 homme sur 8, déclarent avoir fait l’objet de violence sexuelle1. Les examens ravivent le souvenir des traumatismes et exacerbent les symptômes d’anxiété chez environ 50 % des victimes d’agressions sexuelles2,3. Étant donné cette forte prévalence, les soins qui tiennent compte des traumatismes subis devraient reposer sur la prémisse d’une telle possibilité et les professionnels de la santé devraient toujours interroger la patientèle à ce sujet lors de l’anamnèse.
Les examens tenant compte des traumatismes subis s’effectuent en collaboration avec la patientèle, en s’assurant qu’elle se sent en sécurité, en contrôle et qu’on lui offre des choix
L’objectif est un soutien optimal et l’évitement de ce qui pourrait raviver ou exacerber les symptômes du traumatisme1. Les professionnels de la santé devraient utiliser une formulation neutre dans leurs propos; se montrer sensibles aux enjeux culturels, historiques et sexospécifiques; et expliquer à la personne à quoi s’attendre avant et durant l’examen.
Les préférences de la personne doivent être identifiées avant l’examen et doivent être respectées
La personne pourrait préférer choisir le moment de son examen (p. ex., lors de la consultation en cours ou d’une consultation future); elle pourrait vouloir être accompagnée pendant l’examen3 ou procéder elle-même aux prélèvements requis ou à l’insertion de l’instrument servant à l’examen.
Préserver sa dignité aide la patientèle à se sentir en contrôle durant l’examen
Les professionnels de la santé devraient quitter la salle d’examen lorsque la personne se dévêt ou se vêt. Cela valide sa dignité et lui laisse le temps de formuler des questions. Durant l’examen, il faut couvrir son corps et ne laisser à découvert que les zones à examiner, et ce, pendant le minimum de temps requis. Les résultats de l’examen ne devraient lui être transmis que lorsqu’elle est entièrement vêtue4.
Il faut proposer aux personnes qui refusent l’examen de procéder à un autoexamen
Des études sur l’autoexamen pour le virus du papillome humain et les maladies transmises sexuellement ont montré des taux élevés de participation, la facilité de l’autoprélèvement des spécimens et l’efficacité des interventions6. Les autoprélèvements cervicaux et vaginaux pour le dépistage de Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae ont généré une sensibilité de 94 %–99 % et une spécificité de 97 %–99 %; Les autoprélèvements vaginaux de spécimens pour le dépistage de Candida albicans, dubliniensis, parapsilosis et tropicalis ont montré une sensibilité de 90 %–94 % et une spécificité de 90 %–93 %6. Les résultats des spécimens autoprélevés ont été semblables à ceux des spécimens recueillis par le médecin. Les tests urinaires sont sensibles à 98 % et spécifiques à 99 % pour C. trachomatis et N. gonorrhoeae et pourraient être utilisés plutôt que le prélèvement cervical chez les patientes qui ne souhaitent pas recueillir de spécimens vaginaux5. On peut se procurer des trousses gratuitement dans les laboratoires locaux au Canada.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici: www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.210331
Intérêts concurrents: Iris Gorfinkel déclare avoir reçu des subventions de GSK, Merck, Urovant Sciences et Johnson & Johnson. Entre 1991 et 1995, la Dre Gorfinkel a reçu des honoraires en tant que médecin experte appelée à témoigner pour un centre de services aux victimes d’agressions sexuelles qui relevait de l’Hôpital Shaughnessy et ensuite de l’Hôpital pour femmes de la Colombie-Britannique. La Dre Gorfinkel a aussi reçu des honoraires en tant que conférencière pour GSK, CME Outfitters et Doctors Nova Scotia; elle détient des actions de Johnson & Johnson et de Merck et a été coprésidente d’un comité consultatif sur Shingrix (GSK). La Dre Gorfinkel a participé, parfois contre rémunération, à des projets de rédaction et de présentations médicales pour la radio et la télévision de la CBC, Zoomer Radio and Television, Global News, CTV News, Bored Panda, The Globe and Mail, le JAMC et Le Médecin de famille canadien. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
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