Un militaire de 32 ans au mode de vie actif est venu consulter pour une douleur et une faiblesse à l’épaule gauche 6 mois après s’être blessé en faisant des développés couchés avec un poids de 175 kg. À l’examen physique, il présentait une concavité et un abaissement du pli axillaire antérieur (donnant au thorax un relief en forme de « S ») à la hauteur du grand pectoral gauche. Son mamelon gauche était plus bas et pointait plus vers le sol que le droit (figure 1A). Il disait ressentir une faiblesse et de la douleur à l’adduction et à la rotation interne de l’épaule, mais précisait que la force et la sensation du muscle étaient normales. Il était incapable d’accomplir son travail, dans le cadre duquel il devait soulever des charges lourdes et pour lequel on exigeait une évaluation de sa condition physique, et il ne pouvait pas faire d’haltérophilie récréative. Un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) thoracique a mis en évidence une rupture totale de la partie sternale du grand pectoral, à la jonction musculo-tendineuse (figure 1B). La déformation thoracique caractéristique découlait de la rétraction médiale de la partie déchirée.
La rupture du grand pectoral est une blessure très invalidante qui, peu après sa survenue, se manifeste généralement par un important hématome sous-cutané et un œdème. En raison de son déploiement militaire et de sa consultation tardive, le patient ne présentait qu’une déformation thoracique à son arrivée, l’hématome et l’œdème s’étant déjà résorbés. Il a subi une reconstruction chirurgicale par allogreffe de tendon. Quatre mois après l’opération, il n’avait plus de symptômes et a pu reprendre ses activités militaires.
La rupture du grand pectoral est une blessure sportive rare dont la prévalence a augmenté dans les 20 dernières années1. Son incidence chez les militaires est estimée à 60 cas pour 100 000 personnes-années1. Ce type de blessure touche presque exclusivement les hommes et est généralement la conséquence d’une contraction musculaire excentrique au cours d’une activité physique, le plus souvent les développés couchés, la lutte et le football américain2. Une prise en charge conservatrice constituait par le passé le traitement de première intention, mais on recommande aujourd’hui une réparation chirurgicale, surtout chez les jeunes athlètes2.
La réparation chirurgicale des déchirures chroniques diffère de celle des déchirures aiguës, car la portion saine du tendon pourrait ne pas être assez longue pour être fixée, rendant ainsi les sutures susceptibles d’inciser le tissu musculaire rétracté. En augmentant la longueur de la portion à fixer, l’allogreffe de tendon améliore la force mécanique du muscle réparé et est associée à d’excellentes issues cliniques, à une douleur résiduelle minimale, à des résultats esthétiques satisfaisants et à une bonne récupération de la force physique3.
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Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.201248
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