Le remdésivir est un antiviral agissant contre une multitude de virus à ARN
Le remdésivir est un médicament administré par voie intraveineuse qui inactive l’ARN polymérase ARN-dépendante des virus et qui agit in vivo et in vitro contre le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient, le coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 1 (SRAS-CoV-1) et le SRAS-CoV-21–3. Son utilisation est autorisée au Canada, et il est distribué par Santé Canada pour les patients (≥ 12 ans et ≥ 40 kg) atteints de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) sous oxygénothérapie3.
Le remdésivir a été testé à titre de traitement de la COVID-19 dans le cadre de 2 importants essais cliniques
Quatre essais randomisés contrôlés (ERC) publiés ont évalué l’utilisation du remdésivir dans le traitement de la COVID-191,2,4,5. Les 2 plus importants essais étaient l’Adaptive Covid-19 Treatment Trial (ACTT-1), un ERC avec témoins sous placebo portant sur 1062 patients1, et l’essai Solidarity, un ERC ouvert comparant le traitement au remdésivir à la norme thérapeutique chez 6838 patients5.
Le remdésivir pourrait réduire le temps de rétablissement, mais pas la mortalité
L’essai ACTT-1 a conclu que le temps médian de rétablissement clinique passait de 15 jours à 10 jours avec l’administration de remdésivir, et les plus importantes améliorations ont été observées chez les patients sous oxygénothérapie à bas débit. L’essai n’a révélé aucune différence dans la mortalité (rapport de risque 0,73; intervalle de confiance [IC] à 95 % 0,52–1,03), mais il n’avait pas la puissance statistique nécessaire pour le faire1. L’essai Solidarity n’a pas montré une amélioration de la mortalité (taux d’incidence 0,95; IC à 95 % 0,81–1,11) et n’a pas non plus montré d’amélioration des résultats secondaires préétablis, soit le nombre de jours sous ventilation et la durée de l’hospitalisation5.
Le remdésivir n’aide pas les patients gravement malades
Des analyses par sous-groupes des essais ACTT-1 et Solidarity montrent que le remdésivir n’apporte aucuns bénéfices aux patients intubés ou sous oxygénation par membrane extracorporelle1,5. Bien que ce ne soit pas aussi sûr, il ne semblait pas non plus y avoir de bénéfices significatifs pour les patients sous oxygénothérapie à haut débit1,5.
Les données sur les événements indésirables sont limitées, mais comprennent des réactions d’hépatotoxicité et d’hypersensibilité
Les patients ayant d’importants taux d’enzymes hépatiques ou un débit de filtration glomérulaire de moins de 30 mL/min ont été exclus des essais publiés1,2,4,5. Des lésions du foie causées par le médicament ont été signalées6, et des réactions anaphylactiques ou liées à la perfusion peuvent se produire1.
Footnotes
Voir la version anglaise de l’article ici : www.cmaj.ca/lookup/doi/10.1503/cmaj.202505
Intérêts concurrents: Peter Wu et Andrew Morris sont respectivement membre et président du groupe de travail ontarien sur l’établissement de guides de pratiques cliniques sur la COVID-19, un groupe de travail provincial bénévole ayant pour but de fournir des guides consensuels fondés sur des données probantes pour le traitement de la COVID-19. Aucun autre intérêt concurrent n’a été déclaré.
Cet article a été révisé par des pairs.
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