Suite à une deuxième consultation à l'urgence pour des symptômes anticholinergiques (Encadré 1) chez un couple, un médecin en environnement de la Direction régionale de santé publique (DSP) a effectué une enquête environnementale et une visite à domicile. Cette démarche n'a révélé aucune source dans l'environnement et laissait suspecter une source alimentaire.1 Les aliments consommés par le couple ont été scrutés à la loupe, mettant en évidence que des «pseudo-grains de poivres concassés» avaient été ajoutés dans une poivrière. Lorsque le couple avait emménagé dans leur nouveau logement, madame avait trouvé un contenant de graines qu'elle avait présumé être du poivre (Fig. 1). Elle en avait rempli la poivrière ! Une analyse toxicologique des graines a été effectuée au laboratoire de toxicologie humaine de l'Institut national de santé publique et a permis de confirmer la présence de scopolamine et d'atropine. La détection de ces deux substances, jumelée à l'identification visuelle des graines, confirmait que les graines présentes dans la poivrière étaient bel et bien le Datura stramoine (Fig. 2).
Parmi les agents pouvant causer des symptômes anticholinergiques, mentionnons les antihistaminiques, les antidépresseurs tricycliques, les antiparkinsoniens, les antispasmodiques, les phénothiazines et les cycloplégiques. Certaines plantes toxiques de la famille des solanacées peuvent être incriminées, dont la morelle noire, le brugmansia, la mandragore, et le Datura. Cette dernière est une annuelle qui peut se retrouver à l'intérieur des résidences et dans des jardins ornementaux (Fig. 2). Toutes les parties de cette plante sont toxiques mais ce sont les graines, contenues dans des cosses (le fruit de la plante), qui détiennent les agents chimiques (scopolamine, atropine, hyoscamine) ayant la plus grande toxicité (Fig. 3). Les graines sont les pépins du fruit; on peut les utiliser comme semence, mais malheureusement, elles sont connues de certains jeunes qui en recherchent l'effet hallucinogène. Une dose importante est potentiellement mortelle (paralysie et arrêt respiratoire).2