Engagement du Canada à soulager le sida en Afrique: ==================================================== Il y a 20 ans ce mois-ci qu'on a détecté le sida pour la première fois. Même si le virus du VIH ne serait découvert que plus tard, on avait déjà compris que la maladie était transmise sexuellement et que sa propagation mondiale était limitée à un petit nombre de communautés gaies de la Californie et à quelques autres centres, surtout en Amérique du Nord. Au cours des deux décennies qui ont suivi, nous avons vécu ce que les historiens décriront certainement (du moins dans le cas de l'Amérique du Nord et de l'Europe) comme une campagne exemplaire de santé publique destinée à contrôler cette maladie apparemment nouvelle. Même si la campagne n'a pas été parfaite, le VIH s'est propagé plus lentement qu'il aurait pu le faire. Au Canada, par exemple, 50 000 personnes sont touchées par le VIH-sida, ce qui est tragique — mais qui signifie aussi que seulement un dixième de 1 % de la population est atteinte. L'Afrique, elle, vit l'épidémie la plus dévastatrice de l'histoire de l'humanité et elle en meurt : le contraste est horrible. Sur les quelque 34 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde, il y en a 75 % (25 millions) en Afrique. En Afrique du Sud, par exemple, 25 % des femmes en âge de procréer sont infectées par le VIH et en 2010, on enregistrera de 545 000 à 635 000 décès par année. Dans ce numéro, le rédacteur du *South African Medical Journal* décrit la situation catastrophique de son pays (page 1857)1. Le VIH s'est propagé comme une traÎnée de poudre en Afrique non seulement parce que le virus était plus virulent, mais aussi à cause de la pauvreté, de la malnutrition, de la guerre et du déplacement des personnes, de l'analphabétisme et du désordre social et politique — en réalité, c'est le chaos. Le VIH est la cause immédiate du sida, mais non celle de la pandémie. L'Afrique est pauvre et ses habitants souffrent et meurent pour de nombreuses raisons. Les pays riches du monde se sont retirés de façon ignominieuse d'expériences coloniales qui ont échoué et ont remplacé l'exploitation par la négligence : c'est une des principales causes du problème. La tendance se maintient : l'aide accordée à tous les pays en développement est tombée de 4,7 % entre 1994 et 1999. Au cours de la même période, l'aide à l'Afrique a diminué de 21,9 % pour tomber de 32 $US par Africain en 1990 à 19 $US seulement en 1998. Les chefs de file du monde se réunissent ce mois-ci à New York au cours de la Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH-sida en Afrique afin de donner leur aval officiel à un grand nombre de déclarations faites plus tôt cette année à Abuja par les dirigeants africains2. Même s'il faut plus que de l'argent, celui-ci est essentiel si nous voulons aider à enrayer cette peste moderne. Le Canada doit approuver la Déclaration d'Abuja et en particulier l'article 28 où les signataires s'engagent à consacrer sept dixièmes de 1 % de leur produit intérieur brut (PIB) à l'aide au développement accordée aux pays pauvres. Notre bilan est loin d'être impressionnant et les générations à venir nous en tiendront responsables. En 1994, nous avons consacré 0,43 % du PIB (114 $CAD par personne) à l'aide au développement : en 1999, ce pourcentage était tombé à 0,28 % (85 $CAD par personne). Nous pouvons et devons faire mieux : 0,7 % de la richesse du pays, ce n'est pas trop demander. Nous espérons que le premier ministre Chrétien s'engagera fermement, au nom du Canada, à ajouter au bilan notre modeste part de l'aide au développement — *JAMC* ## References 1. 1. Ncayiyana DJ. Antiretroviral therapy cannot be South Africa's first priority. JAMC 2001;164(13): 1857-8. [FREE Full Text](http://www.cmaj.ca/lookup/ijlink/YTozOntzOjQ6InBhdGgiO3M6MTQ6Ii9sb29rdXAvaWpsaW5rIjtzOjU6InF1ZXJ5IjthOjQ6e3M6ODoibGlua1R5cGUiO3M6NDoiRlVMTCI7czoxMToiam91cm5hbENvZGUiO3M6NDoiY21haiI7czo1OiJyZXNpZCI7czoxMToiMTY0LzEzLzE4NTciO3M6NDoiYXRvbSI7czoyMjoiL2NtYWovMTY0LzEzLzE4MjcuYXRvbSI7fXM6ODoiZnJhZ21lbnQiO3M6MDoiIjt9) 2. 2. Forum africain du développement 2000. Déclaration d'Abuja sur le VIH-sida, la tuberculose et les autres maladies infectieuses (en anglais). Addis Abeba (Éthiopie) : Commission économique pour l'Afrique; 2001. Disponible : [www.uneca.org/adf2000/Abuja%20Declaration.htm](http://www.uneca.org/adf2000/Abuja%20Declaration.htm) (consulté le 30 mai 2001).