L'an dernier, à l'assemblée annuelle du Conseil général de l'AMC à Québec, Roy Romanow a jeté le gant en affirmant que la profession médicale avait tendance à être sa propre pire ennemie en ne s'exprimant pas d'une voix commune.
Au cours de l'année écoulée, le Dr Peter Barrett, président sortant de l'AMC, et le Dr Arun Garg, président du Conseil de la politique et de l'économique de la santé, ont mené un effort extraordinaire visant à harmoniser les voix de l'AMC, de ses divisions provinciales et territoriales et de ses sociétés affiliées, et ont bâti un consensus sans précédent sur les 30 recommandations formant l'Ordonnance pour la viabilité de l'AMC. Notre document prévient les gouvernements que le temps est venu d'agir ensemble pour assurer l'avenir des soins de santé financés par l'État au Canada.
Cet effort doit commencer par un défi très clair de la part de M. Romanow, qui a été choisi par le premier ministre Jean Chrétien comme le dernier preux chevalier devant tenter d'abattre le dragon des soins de santé, en partie en raison de sa vaste expérience des relations fédérales–provinciales. Toute discussion sur le maintien de l'assurance-maladie au Canada doit commencer là.
L'AMC n'a pas esquivé cette réalité lorsqu'elle a proposé ses 3 piliers de la viabilité : une Charte canadienne de la santé, une Commission canadienne de la santé pour appuyer l'application de la Charte et des réformes législatives afin de moderniser la Loi canadienne sur la santé. Les gouvernements du Canada ne peuvent plus maintenant esquiver leur obligation de s'engager clairement envers les soins de santé et de clarifier ce que les Canadiens peuvent attendre de leur système de santé. Il faut un contrat social renouvelé et transparent entre les gouvernements et les contribuables afin de fixer des objectifs dans le domaine de la santé et d'assurer que l'argent nécessaire pour les atteindre soit là.
M. Romanow publiera son rapport en novembre. On fera des discours et les médias se feront entendre, mais la vraie question sera de savoir si la volonté politique de reformuler le contrat social entre les gouvernements et les contribuables qui les ont élus pour les représenter existe vraiment.
Le contrat entre la profession médicale et nos patients est clair : faire tout notre possible pour protéger leur santé. Pendant mon mandat à la présidence, l'AMC a renforcé ce contrat par son travail dans divers domaines, notamment en intervenant en matière de santé des Autochtones, en créant le nouveau Bureau de la santé publique et en relevant le défi de M. Romanow. Autrement dit, l'AMC a répondu à l'appel. La question est maintenant de savoir si les gouvernements du Canada agiront agir et démontreront leur engagement envers la santé des Canadiens.
Henry Haddad Président Association médical canadienne Ottawa (Ont.)