Résumé
Perceptions of “futile care” among caregivers in intensive care units
Robert Sibbald MSc, James Downar MD, Laura Hawryluck MD MSc
Department of Ethics (Sibbald), London Health Sciences Centre, London, Ont., Division of Critical Care, Department of Medicine (Downar, Hawryluck), University of Toronto, Toronto, Ont.
Correspondance : Dr James Downar, c/o Dr. Laura Hawryluck, Division of Critical Care, Toronto General Hospital, Rm. NCSB 11C-1176, 200 Elizabeth St., Toronto ON M5G 2C4; james.downar{at}mail.mcgill.ca
Contexte : Beaucoup de soignants aux soins intensifs (SI) sont d’avis qu’ils prodiguent parfois des soins inappropriés ou excessifs, mais on ne connaît pas bien leur définition des «soins futiles» ou la façon dont ils essaient d’en limiter les effets. Nous avons cherché à savoir comment le personnel des soins intensifs définit les soins médicalement futiles, pourquoi ils les dispensent et quelles stratégies pourraient favoriser une utilisation plus efficace des ressources aux soins intensifs.
Méthodes : Nous avons effectué des entrevues semi-structurées auprès de 14 directeurs médicaux, 16 infirmières gestionnaires et 14 thérapeutes respiratoires dans 16 unités des soins intensifs de l’Ontario. Nous avons analysé la transcription en suivant une approche modifiée de théorie à base empirique.
Résultats : À partir des entrevues, nous avons produit une définition pratique des soins médicalement futiles, soit l’utilisation de ressources considérables sans espoir raisonnable que le patient retrouve un état d’indépendance relative ou redevienne interactif avec son environnement. Les répondants étaient d’avis que l’on fournissait des soins futiles à cause des exigences de la famille, du manque de communication opportune ou qualifiée, ou parce qu’il n’y avait pas consensus entre les membres de l’équipe de traitement. Les répondants ont déclaré qu’ils pouvaient résoudre les cas de soins futiles de la façon la plus efficace en améliorant la communication et en laissant aux familles le temps d’accepter la réalité de la situation. Les répondants étaient d’avis que des efforts plus poussés visant à limiter les soins futiles devaient chercher avant tout à informer le public et les professionnels de la santé du rôle des soins intensifs et des solutions de rechange comme les soins palliatifs, imposer une discussion rapide et compétente sur l’état de la réanimation, établir des lignes directrices sur l’admission aux soins intensifs et fournir un appui juridique et éthique aux médecins aux prises avec des difficultés. On a constaté une uniformité générale dans les réponses de toutes les disciplines.
Interprétation : Les médecins, les infirmières et les thérapeutes respiratoires des soins intensifs ont des avis semblables et bien arrêtés sur la façon de définir les soins médicalement futiles et de trancher la question, ainsi qu’au sujet des points sur lesquels il faudrait concentrer les efforts futurs afin de limiter l’effet des soins futiles aux soins intensifs.